Après 15 ans à l’étranger, je ressentais comme tout expatrié/immigré, l’envie irrépressible de rentrer chez moi, dans mon pays, sur ma terre natale. La plupart des conseils que je recevais me disait de ne pas le faire, qu’il n y a rien au Gabon ! Mais je m’entêtais. Le Gabon j’y vais chaque année, et je pensais connaitre ses réalités. Je me préparais donc en conséquence.
1 an avant, je commençais à construire ma maison. J’y ai investi toutes mes économies, plus de 40 millions. Et surtout, 2 ans avant, j’ai réalisé toutes les formalités pour ouvrir mon cabinet de conseils juridiques et obtenir mon agrément. Je vous épargne les détails des misères, souffrances, déceptions, va et vient incessants, que j’ai vécu ces derniers mois. Si construire une maison au Gabon peut rendre fou (j’en ai fait une dépression), la maison est néanmoins là, heureusement. Mais Je n’y ai habité que quelque mois, elle est désormais en location aujourd’hui. Il y a quelques jours, j’ai à nouveau tout quitté comme il y a 15 ans alors que j’étais fraichement bachelière. Je suis partie, mais cette fois-ci avec mon mari, mon fils, et mon être humain en fabrication. Pourquoi ? parce que le Gabon me tuait à petit feu ! Déçue des hommes et du système. Presque 2 ans désormais et toujours pas le fameux sésame pour ouvrir mon cabinet. Beaucoup m’ont dit de commencer sans cela. Quelle ironie ! Un cabinet juridique qui ne dispose pas de tous les documents légaux pour exercer ? J’ai pourtant fait toutes les démarches nécessaires, mais rien ! Baladée de la DGR à la DGDI en passant par le ministère de la justice pour me soumettre à leurs fameuses enquêtes de moralité. J’ai supporté les dragueries et autres conneries de certains agents qui m’ont auditionnée, sans jamais perdre ma dignité, et j’ai tenu bon pour ne jamais glisser un billet à quiconque dans le but de faire avancer ce dossier, en vain! « Entreprendre » nous disent-ils ? Lol ! On veut bien, mais vous nous bloquer de tous les cotés! Oui j’ai eu au passage une proposition d’emploi dans une société pétrolière de la place… mais ceci n’était pas mon projet personnel, mon projet de vie au Gabon. Et ce constat amer me rappelle une femme politique qui disait il y a quelques années que les « Gabonais ne rêvent plus ». On est tellement étranglé, tels des chiens affamés on finit par prendre la première opportunité qui se présente. Malheureusement (ou heureusement) moi je rêve encore ! Et mon rêve c’était et c’est toujours, de rendre accessible à tous les citoyens Gabonais, leur droit et législation! Il y a quelques jours je suis donc partie, encore ! Comme de nombreux autres Gabonais dépités, déçus, asphyxiés. Parce que le pays n’est pas prêt pour nous !
SOURCE : Facebook LEGIGABON